jeudi 27 janvier 2011

Trek des Annapurnas

Extrait de mon carnet de voyage ( et oui , j’en ai un comme tout vrai voyageur qui se respecte !)

Trek dans l’Himalaya – Circuit des Annapurnas

Départ de Kathmandu ( 600 m d’altitude )
Mon compagnon de voyage et moi quittons la capitale très tôt le matin et allons essayer de trouver un bus local pour rejoindre Besisahar, le lieu de départ du trek .
Finalement , nous optons pour un mini bus , toujours local mais plus rapide .
Après avoir mis beaucoup de temps à sortir de la ville , nous arrivons déjà dans les premières montagnes qui entourent la vallée de Kathmandu et empruntons la route de Pokhara .
[….]Après plus de 6h nous sommes à Besisahar ( 800m ), les genoux en compote , les jambes ankylosées par le manque de mouvements . Nous présentons nos permis de trek ,1er tampon et commençons directement la marche . Départ de la rue principale , c’est parti pour le trek des Annapurnas , soit 300 km …
Nous sommes à environ 2h30 de marche de Bhul Bhule , où se trouve le poste ACAP, entrée du parc naturel . Nous y serons avant la tombée de la nuit .

Le paysage est très vert, limite tropical, nous passons quelques ponts suspendus , plus ou moins rassurants et suivons la rivière Marsyandi , fil d’Ariane de notre chemin …




Premier hôtel , première nuit …
Le confort est sommaire mais nous avons tout le nécessaire : de quoi dormir et manger !

Deuxième jour , et vrai début de la marche …
Au réveil nous avons vue sur les sommets des Annapurnas , ils sont encore bien loin . Nous partons vers 8h 30 , après un bon bol de porridge aux bananes , je vais avoir besoin d’énergie .
Début tranquille , chemin un peu chaotique mais peu de dénivelé . Après 1h de marche , nous retrouvons un groupe d’espagnols et argentins , rencontrés a Kathmandu . Le groupe est formé , nous continuons tous les 7 mais très vite se crée le clan des tortues et celui des lièvres…
[ …]Bahundanda : 1200 m .
Il est midi passé , je suis exténuée ( déjà !!!!!) . Nous avons atteint le village après une sacrée ascension , et en plus j ‘ai eu la bonne idée de ne pas prendre de bâton , j’ai les cuisses en feu … Quelques bananes et oranges au prix exorbitant pour reprendre de la force .


Vue de Bahundanda



Le reste de l’après midi est un enfer , suite d’ « up and down » interminables , mon corps a vraiment du mal à se remettre à l’exercice décidément . Je suis seule , loin du clan des tortues !!
Jagat , après environ 12-15km .
Nous nous arrêtons dans ce petit village pour la nuit …

Troisième jour , après une heure de marche nous passons le village de Chamje , à plus de 1400m d ‘altitude . Je m’arrête pour remplir ma gourde . Erreur fatale ! je me retrouve derrière trois porteurs qui transportent des tubes d’évacuations de 3m de long et plus de 90 kg ! Ils avancent très lentement , au pas mal assuré sur un chemin plus qu’étroit et risquent de tomber à tout moment … Un embouteillage se forme derrière eux et nous décidons de les doubler en crapahutant dans les rochers sous eux .
Déjà le paysage change , il fait beaucoup moins chaud . Pause déjeuner à Tal , ancien lit d’un lac asséché ,qui ressemble plus à un décor de Western . […]Génial , un de mes compagnons m’improvise un bâton de marche avec une tige de bambou trouvée sur le chemin …
Le reste de la journée nous marchons en passant des ponts , d’un côté et de l’autre de la montagne . Il commence à pleuvoir , ça devient beaucoup moins agréable d’avancer dans ces conditions . Nous arrivons à Dharapani , et nous arrêtons dans l’auberge tenue par la famille d’une népalaise rencontrée sur le chemin. Elle est mariée à un français , et ils ne sont pas revenus au village depuis un an et demi . Sa sœur l’accueille avec émotion …
Envahie par les chèvres , avant d'arriver à Tal




Cette nuit , malgré mon sac de couchage très chaud ( -23°C) je commence à ressentir un peu le froid .

Déjà le quatrième jour , et nous sommes à trois jours environ de Manang , lieu d’acclimatation , et nom du village que nous suivons sur les panneaux de direction depuis le début .
Nous partons très tard , Marisol est malade et n ‘arrive pas à mettre un pied devant l’autre .Elle reste avec son copain pour se faire soigner et nous continuons à 5. Ca mine un peu l’esprit de la troupe mais nous ne pouvons pas tous rester là . En espérant les retrouver dans quelques jours ( ce sont de vrais lièvres !!).
Deuxième check point .
Nous arrivons très vite à Bagarchap , 2070 m d’altitude . A partir de là , le climat change complètement ( plus sec et froid ) et indique aussi que les gens sont plus bouddhistes qu’hindouistes .
Il y a deux chemins pour rejoindre Chame , et nous nous trompons . Enfin nous empruntons le plus long et difficile … Je commence à avoir le souffle court , nous ne sommes même pas à 2500m d’altitude que je ressens déjà le manque d’oxygène . Nous nous retrouvons dans une forêt de conifères , les nuages sont remontés de la vallée et arrivent à notre niveau . Un froid vient nous geler les os et il commence à pleuvoir de nouveau . En chemin , on s’arrête dans une petite lodge pour déjeuner et nous nous réfugions autour du feu dans la cuisine , entre un chat alangui et un petit vieux . Mais très vite il faut repartir car le temps est de pire en pire .
Cette nuit , nous décidons de dormir juste avant Thanchowk. Nous arrivons frigorifiés et complètement trempés .Nous passons la soirée cloîtrés , autour d’un mini feu de charbon , buvant du thé et tentant de faire sécher nos vêtements .


Le lendemain , nous nous réveillons avec un grand soleil . Nous allons essayer d ‘atteindre Pisang aujourd’hui . Nous commençons la marche dans l’ombre des montagnes , il fait frais , le chemin est boueux et j’ai toujours autant de mal à respirer .Nous atteignons Chame , village où nous aurions dû dormir la veille , et en profitons pour faire quelques réapprovisionnement ( thé , biscuits , papier toilette … ) .
Sur le chemin , déjeuner rapide à Bhatrang. Un bébé dans un couffin s’appelle Melanie !
Nous nous sentons de plus en plus près des sommets qui culminent à plus de 7000m …Nous sommes désormais dans le décor magnifique de la haute montagne . Il fait soleil , un ciel bleu de plus en plus foncé , un vent toujours frais nous chatouille le bout du nez …
[…]Nous ne rencontrons presque personne sur notre chemin aujourd’hui . Mais où sont les autres trekkeurs ? Avant de rejoindre Pisang , nous traversons une forêt de pins , étrange impression , je me crois dans Blairwitch Project !
Enfin , Pisang se dessine au loin , lovée dans la montagne , il est presque 18h , le soleil se couche , il fait très froid et nous avons marché plus de 9h .
Le village semble abandonné. Le Peaceful hotel nous inspire bien , et sommes accueillis par un népalais Rasta Man … un Bob Marley asiatique !
Nous sommes les seuls dans cet hôtel et traités comme des pachas . Ce soir on dévore … Dal bat des rois , momos impériaux , apple pie princier…
Enfants a Chame , emerveillés par les jumelles de Saùl ...

Le fils de rastaman ...
Petit déjeuner royal , au Paeceful hotel

Sixième jour et dernière ligne droite avant Manang … on rêve tous d’une grass’mat’ !
Nous partons de Pisang , le cœur serré de quitter cette famille bien sympathique …
Pour rejoindre Manang, nous avons deux options : chemin facile , plat et ennuyeux ( qui me va bien) ou bien monter très haut , avoir une vue magnifique et redescendre ensuite … Au final, je laisse mon côte fainéante pour plus tard et décide de suivre les garçons . En environ une heure , nous faisons une ascension extraordinaire , guidés par la vue d’une formidable stupa qui nous attend là haut . La récompense est plus que merveilleuse . Nous arrivons dans ce charmant petit village bouddhiste entourés à 360°C par les montagnes . Je ne regrette pas d’avoir choisi ce chemin.
Ce décor m’enivre , et me donne des ailes . Mère Nature , puissance 100 , qu’est ce que nous sommes petits et vulnérables avec côté de ça !!! Je viens de retrouver la raison pour laquelle je voulais refaire un trek dans l ‘Himalaya …Comme dans l’Alchimiste , le vent discute avec nous , je suis émue …
Mais la route n’est pas finie . Tout l’après midi , nous redescendons progressivement. Nous avons perdu beaucoup de temps à contempler le paysage. Tard , nous retrouvons de nouveau notre fameuse rivière , et apercevons Manang perchée sur une colline . Welcome , Tashidelek …. !!Nous sommes à 3600 m d’altitude.
Nous fêtons ça comme il se doit . Je prend un mustang coffee , boisson typique du coin et des toast au fromage de Yak , tous autour du poêle




Jour de repos : je me réveille entourée par les sommets enneigés depuis ma chambre avec vue panoramique .Alors que Manang est l’endroit idéal pour s’acclimater et voir comment notre corps réagit face à l’altitude et au mal des montagnes , nous optons pour une journée relax. Sur le toit de l’hôtel , j’en profite pour faire une petite lessive a l’eau glacée et faire sécher le linge avec les quelques rayons du soleil qui réchauffent l’atmosphère .
Le lendemain , alors que cette fois nous sommes décidés et bien reposés pour aller jusqu’au lac de Nagwal à 4600m , nous nous réveillons dans un monde féerique , tout est recouvert d’un blanc manteau . On ne voit rien à quelques mètres devant nous .
Du coup , nous passons la moitié de la journée au chaud , à écouter les airs de guitare chaleureux de notre ami Saùl , et sa voix rocailleuse des chanteurs de flamenco !On est tout à fait dans l’ambiance …



Neuvième jour . Alors que nous somme près pour reprendre la marche , j’entend des espagnols parler en bas de notre hôtel , je reconnais tout de suite la voix de Marisol . Ils nous ont rattrapés et ont rencontré sur leur chemin huit autres espagnols … Nous sommes 15 !!!
Les premiers kilomètres se font ressentir dans les « pattes » !De plus notre argentin est malade . Il a un peu abusé des savoureux samosas qu’on a mangé la veille dans un restaurant local . Je décide de rester à ses côtés , et moi ça m’arrange de marcher lentement car mon souffle ne s ‘est pas arrangé ( à cette altitude ça commence à être plus normal ) . Nous passons la nuit à Yak Kharka , Juan ne peut plus avancer …
Petite soirée sympa , nous rencontrons des suédois ,américains et canadiens .

Avant dernier jour avant le passage du col de Thorong la : ce matin je pars en tête car de toute façon je me fais rattraper par les autres très rapidement . Le paysage devient carrément désertique et j’y retrouve un mélange du Tibet et des Highland écossais . Je m’aperçois que je marche plus dans le même rythme que les suédois , une américaine et une canadienne . Je me rattache à ce groupe .
Les derniers kilomètres avant d’atteindre Thorung Phedi ( à 4600m ) sont affreux et je commence à redouter le passage du col demain matin .





De Thorung Phedi , les plus vaillants partent faire l’aller retour jusqu’au High Camp , pour une autre session d’acclimatation .C ‘est la partie du trek certainement la plus éprouvante.
Je n’ai plus de force , je préfère rester me reposer et récupérer toute mon énergie pour demain matin . Ils reviennent exténués . Pourtant ce sont de très bons marcheurs . Toute la soirée ils ressentent les uns après les autres les premiers effets du mal des montagnes . Physiquement , je suis assez bien , malgré une légère nausée.
Thorung Phedi est un village dortoir où on retrouve tous les gens rencontrés sur le chemin depuis Besisahar.
Toute la nuit je rêve du col et j’angoisse . Je ne vais jamais y arriver !!! Je dors tout habillée , prête à partir …

Le jour J : le moment tant attendu , et but du trek : le passage du col de Thorong La à 5400m. Je décide de ne pas suivre mes compagnons de marche avec qui je suis depuis le début . Je sais que nous ne marcherons pas ensemble longtemps et je ne veux pas me retrouver seule à cette altitude . Tout peut arriver à n’importe quel moment . Je pars avec mes nouveaux compagnons de marche suédois . L’américaine et la canadienne nous ont laissé après quelques mètres , elles se sentaient mal .
Nous partons dès le lever du soleil à 6H30. Nous avançons très très lentement mais à rythme régulier . je m’arrête presque toutes les 5 minutes pour reprendre mon souffle comme si je venais de courir un 100m . En chemin , nous croisons cet homme avec son cheval et son chien. Ils s’arrêtent tous les trois dans la même direction et observent l’aube naissante derrière les montagnes …
Après 1 h de marche , nous atteignons le High Camp , 500 m plus haut . Un bon jus de Seakburthon chaud ( baie orange de l’Himalaya , impossible à traduire ) nous redonne quelques vitamines .



Nous continuons . Décor lunaire , mon petit sac qui ne fait pas plus de 7 kg me paraît de plus en plus lourd , et je sens tout le poids de mon corps attiré vers le sol . Ca monte … et redescend . Quelques drapeaux de prières . De plus en plus . Et soudain , nous y sommes , dans une dernière ligne droite , nous atteignons le panneaux . Il est 11h , 5400m . Nous somme le 26 novembre , c ‘est l’anniversaire de ma sœur chérie que je sais très sportive ! Je pense à elle et lui dédidace mon exploit !!!. Mes autres compagnons arrivent plus tard . Eh oui , j’étais toujours la dernière depuis le premier jour , et là c ‘est moi qui les attend . Photo souvenir , et je commence la descente , 1500 m de dénivelé nous attend , beaucoup moins drôle …
Ca fait mal au genoux , je me retrouve sur les fesses plus d ‘une fois . Heureusement , un petit restaurant à mi chemin permet de nous reposer un peu .
Avec la suédoise , nous arrivons finalement les dernières à Muktinath vers 17h !





Nous sommes une vingtaine de marcheurs à nous retrouver au Bob Marley Hotel . Autour d’un immense feu , nous trinquons au passage du col de Throng La . C’est ambiance festive .Chocolat chaud au rhum comme on en rêvait depuis des kilomètres.
Le lendemain, les plus courageux continuent la marche , et les autres ( dont je fais partie bien sûr ) s’accordent une petite journée de repos .

…]Mon dernier jour de marche : à la sortie de Muktinath, nous nous perdons dans un méandre de chemins avant de retrouver le bon , où passent des voitures , de nouveau.
La route est assez ennuyeuse et très poussiéreuse .
En l’espace d’un instant nous nous retrouvons dans une espèce de steppe mongole où se lève un vent fort qui nous empêche d’avancer . Nous sommes à flanc de falaise . Nous descendons le long d’ un chemin abrupte pour nous retrouver dans le lit d’une ancienne rivière .Il était une fois dans l’Ouest … Balayé par un vent de plus en plus fort qui se transforme en tempête de sable nous atteignons avec difficulté Jomsom .




Il reste environ trois jour de marche pour finir le circuit entièrement . Mais comme beaucoup de monde je décide de m’arrêter là.
Je réserve un billet d’avion pour le lendemain , direction Pokhara .
Dernière soirée dans la montagne , hôtel très mignon , famille accueillante . Le groupe se divise encore un peu plus . Certains partiront avec moi demain , d’autres veulent poursuivre la route … Grand père de la famille de l'hôtel à Jomsom ...J'adore son visage
Zone check in !

Je me réveille tôt pour prendre mon avion à 6h30. En plus ,l ‘aéroport est au moins à 50m de l’hôtel !! … c’est pas Roissy !
La météo n’est pas très bonne à Pokhara et les avions prennent du retard . Nous ne décollerons que vers 11h . L’avion n’est pas très grand . En fait , il est carrément minuscule et ça ne rassure pas l’agent d’escale Air France que je suis !!


Après une bonne vingtaine de minutes à survoler les Annapurnas , nous atterrissons à Pokhara . Il fait chaud , et nous retrouvons un climat tropical . Pokhara est la deuxième ville du pays après Kathmandu , mais est beaucoup plus agréable . Elle se trouve près d’un lac , au pied des montagnes , avec une vue magnifique sur les plus hauts sommets des Annapurnas . Je décide de rester là quelques jours afin de me reposer et profiter de ce cadre merveilleux avant de retourner vers la capitale et continuer mon périple …
Etrangement ici je retrouve des gens rencontrés tout le long de mon voyage : Un couple d'anglais de Irkoutsk en Russie , deux frères neo-zélandais avec qui j’avais partagé une jeep pour passer la frontière entre la Mongolie et la Chine , un belge rencontré dans un temple à Lhassa au Tibet . Le monde est vraiment petit !





Pendant quelques jours je suis malade . C ‘est la première fois que ça m’arrive . Normal , j’ai laissé la Street food et les restaurants locaux pour des endroits à touristes …on ne m’y reprendra plus !!
Je rentre à Kathmandu quelques jours avant la fin de mon visa ( soit un mois ). Je dois récupérer mon gros sac de voyage et mon visa pour l’Inde...

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